Grâce à la collaboration avec le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (FM), qui a démarré en 2007 en Tunisie, d’importants progrès ont marqué la riposte nationale au VIH/sida. Mais les résultats restent encore bien en deçà des ambitions affichées et des objectifs des plans nationaux et mondiaux de lutte contre le sida.

Les résultats des plus récentes analyses de la situation épidémiologique du VIH/sida et études bio-comportementales auprès des populations clés (les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les travailleuses du sexe et les usagers de drogues injectables) montrent que l’épidémie du VIH/sida progresse avec une augmentation des nouvelles infections et du nombre des décès, notamment dans le Grand Tunis et les zones urbaines ou côtières. Il est ainsi primordial que le pays lève certains obstacles et développe des stratégies efficaces et plus adaptées au nouveau contexte.

Selon les estimations de l’ONUSIDA, on compte 4.500 personnes qui vivent avec le VIH/sida en Tunisie, parmi lesquelles seulement 51% connaissent leurs statuts sérologiques. Même si l’épidémie reste peu active, avec un taux de prévalence inférieur à 0,1% dans la population, le danger de transmission du VIH persiste encore notamment chez les populations clés.

Le financement actuel de la lutte contre le VIH/sida est réparti entre les pouvoirs publics (63%), le Fonds mondial (22%), les ménages (12%) et les partenaires techniques et financiers dont le système des Nations Unies (3%). Il convient de souligner que d’ici 2030, la Tunisie devra assumer des parts croissantes du coût total de la riposte nationale au VIH/sida avec la réduction planifiée de l’apport du FM.

Transition, pérennité et cofinancement

En novembre 2021, le Fonds mondial a adopté une nouvelle stratégie pour combattre les pandémies et bâtir un monde plus sain et équitable. Cette stratégie place les populations clés au centre de la lutte et du partenariat et vise à accélérer une transition vers des modèles de prévention, de traitement et de soins plus intégrés prenant en compte les droits humains. Selon le Fonds Mondial « l’établissement de systèmes résistants et pérennes pour la santé est la clé du succès dans la lutte contre les maladies infectieuses d’aujourd’hui, au même titre qu’il est le fondement de la préparation et de la riposte aux pandémies de demain ».

Sur le plan de financement, le Fonds mondial encourage tous les pays, quelle que soit la charge de morbidité, à se préparer tôt et systématiquement à la réduction et à la fin progressive de son soutien d’ici 2030. Dans le cadre de ce processus, et avec l’appui du FM, chaque pays devra ainsi préparer sa propre stratégie de transition, de pérennité et de cofinancement.

Tunisie : une mobilisation pour une riposte efficace, durable et adaptée

La vision de la Tunisie est fondée sur un maintien des acquis de la lutte contre le VIH/sida et son accélération en vue d’atteindre les objectifs stratégiques en 2030.

D’après Pr. Mohamed Chakroun, président du CCM Tunisie (mécanisme de coordination pays) : « Le CCM Tunisie, qui est un mécanisme catalyseur des voix des différents groupes concernés par la lutte contre le VIH/sida et principal coordinateur du financement du Fonds mondial, a mobilisé, depuis quelques mois, les partenaires publics, les parties prenantes et la société civile en vue de réfléchir ensemble sur les perspectives de la riposte future, tout en mettant en place un processus d’évaluation de la situation et de préparation à la transition ». Il a ajouté « des études diverses, enquêtes et activités de proximité auprès des populations clés ont été menées, avec l’appui du Fonds mondial et de l’ONUSIDA, en vue de définir les principaux risques pouvant affecter négativement la pérennité de notre riposte nationale ».

Le CCM-Tunisie, qui regroupe des représentants du secteur gouvernemental dont les ministères, du secteur de la société civile incluant les groupes constitutifs des universitaires, des ONG, des privés, des PVVIH, des populations clés ou vulnérables et du secteur des partenaires techniques et financiers a, en effet, intensifié en 2022 ses activités de débat et de sensibilisation en vue d’accélérer le processus d’élaboration d’un plan stratégique de positionnement et une cartographie des organes et des plateformes existants de gouvernance de la santé.

Perspectives de la lutte contre le VIH/sida en Tunisie

Le succès de la politique de riposte au VIH/sida, en Tunisie, dépendra ainsi d’une étroite collaboration entre les différents partenaires impliqués, qui contribueront à la programmation efficace et ciblée des activités futures.

La planification de la pérennité requiert une démarche pluridimensionnelle comprenant l’investissement dans des systèmes de santé, résistants et appropriés, le renforcement des capacités des intervenants et le plaidoyer pour des prestations de services adaptés prenant en compte les droits humains. Les communautés clés et vulnérables, y compris celles touchées par le VIH/sida, représentent une force unique du partenariat, ce qui nécessite leur engagement et participation effective dans les efforts de lutte contre l’épidémie.

L’environnement social et légal reste aussi contraignant en raison de la stigmatisation et la discrimination liées au VIH qui continuent d’être un défi majeur en Tunisie. Les lois nationales considèrent encore les populations clés comme illégales.

La majorité des associations et ONG, assurant des fonctions essentielles dans la riposte nationale au VIH/sida, sont fortement dépendantes du soutien des financements extérieurs, particulièrement du Fonds mondial, et ont certainement besoin de nouvelles capacités de coordination et de mobilisation des ressources afin de maintenir leurs interventions en direction des populations clés (sensibilisation, dépistage communautaire, défense des droits, soutien et accompagnement). C’est ainsi que la préparation à la transition, à la pérennité et au cofinancement sera indispensable pour minimiser les impacts négatifs sur les services proposés et les résultats escomptés.

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